Quelques Pistes sur les Motivations du Détatouage

Dernière mise à jour le 16/12/2022 par Antonin Catrin

Une étude intitulée Motivation for Contemporary Tattoo Removal (a shift in identity) de 2008 a comparé les résultats de deux sondages américains, de 1996 et 2006, afin de comprendre quelles sont les personnes au sein de la population tatouée qui se présentent pour un détatouage et quelles sont leurs motivations. Cette étude comparative fait apparaître une évolution des moeurs et de l’acceptation en société de l’art corporel. Nous vous proposons une traduction résumée de cette étude dont les références sont en bas de page.

Résumé de l’étude

En 2006, à l’opposé de l’étude de 1996, plus de femmes (69%) que d’hommes (31%) se sont présentées en clinique pour demander un détatouage. Alors que le tatouage était autrefois un signe de virilité, il s’avère que les femmes représentent désormais de 45 à 65% de la population tatouée ! Les tatouages symbolisent pour elles à la fois féminité et forte personnalité.
Il ressort que généralement, les patients se sont faits tatouer vers l’âge de 20 ans dans le but d’affirmer leur identité et leur personnalité. Ils sont attirés en premier lieu par l’aspect unique du tatouage. Beaucoup de témoignages mettent en valeur que se faire tatouer est une façon “positive” de se distinguer, et de “se sentir unique”. Leurs tatouages sont devenus gênants dès lors qu’ils sont passés de “marque de personnalité” à “stigmate”, soumis aux remarques et devenant parfois une gêne pour s’habiller.
Les tatouages continuent d’attirer les jeunes adultes entre 18 et 30 ans : ils seraient près de 25% à s’être faits tatouer et on estime que ce pourcentage devrait approcher les 40% dans les années à venir
La grande majorité (83%) des personnes tatouées est satisfaite du résultat.
Cependant le corps médical note une forte augmentation de “regret de s’être fait tatoué” (20%) et une demande de détatouage parmi les patients de l’ordre de 6%.

La première étude faite sur les motivations du détatouage en 1996 (sur 105 patients tatoués 65% d’hommes et 38% de femmes), a montré qu’ils avaient fait en moyenne leur tatouage à l’adolescence, entre 12 et 19 ans. Les raisons évoquées pour expliquer leur motivation à se faire tatouer, montrent qu’il s’agissait principalement de décisions impulsives. Alors qu’à un jeune âge le tatouage est perçu comme un acte de démarcation, le détatouage était surtout motivé par une césure à marquer avec le passé et pour améliorer l’image de soi.
En moyenne les gens conservait leur tatouage 14 ans avant de recourir au détatouage.
Aucune différence significative entre les sexes concernant les motivations du détatouage. Les raisons généralement évoquées sont qu’ils “sont fatigués de l’avoir”, “ils ont mûri” “ça les embarrassait” “maintenant ils doivent le cacher” ou “pour des raisons professionnelles”.
Les femmes sont beaucoup plus stigmatisées que les hommes, en public, au travail etc… Beaucoup plus soumises aux remarques, elles rencontrent aussi des problèmes pour s’habiller librement, tout cela joue pour beaucoup dans leur envie de se faire détatouer (pour éviter d’avoir à recourir aux cosmétiques ou autre moyen pour dissimuler leur tatouage).

L’étude de 2006 a permis une analyse plus approfondie que les précédentes. La comparaison avec l’étude de 1996 a donné une nouvelle image de la société :
Les participants au sondage ont plus de tatouages (2,8 en moyenne contre 2 en 1996), ils sont plus âgés quand ils se sont fait tatouer (16/23 ans vs 12/19 ans) ; et plus jeunes quand ils envisagent le détatouage (vers 30/33 ans).
Le délai avant de se faire détatouer s’est donc raccourci passant de 14 à 10 ans.
Plus d’1/3 reste intéressé par un nouveau tatouage laissant penser que le détatouage viendrait plus d’un problème de style ou de mode qu’aux désagréments causés par le tatouage lui-même.

Pour conclure, le tatouage est un “art” ancien qui évolue tout comme son acceptation sociale, les encres et pigments et les technologies laser de détatouage. Nous ne pouvons savoir comment ces changements vont affecter le monde du tatouage et du détatouage.

Source : Motivation for Contemporary Tattoo Removal
A Shift in Identity Myrna L. Armstrong, EdD, RN, FAAN ; Alden E. Roberts, PhD ; Jerome R. Koch, PhD ; Jana C. Saunders, PhD, RN ; Donna C. Owen, PhD, RN ; R. Rox Anderson, MD

Téléchargé sur www.archdermatol.com à la “Texas Tech University Health Sciences Center” le 21 Juillet 2008