Interview avec le concepteur et fabricant du “LipoCryo”

Dernière mise à jour le 06/06/2022 par Antonin Catrin

, Interview avec le concepteur et fabricant du “LipoCryo”, Centre Laser Paris Sorbonne : Soins Esthétiques & Dermatologie

Questions du Centre Laser Sorbonne à Philippe Plan, Directeur Général de CliniPro concepteur et fabricant du “LipoCryo”

Centre Laser Sorbonne : on lit de nombreux commentaires sur la technique de la Cryolipolyse et son mode d’action. Pourriez-vous nous expliciter les principes de destruction des adipocytes grâce au LipoCryo ?

Philippe Plan : des observations effectuées par le corps médical ont montré depuis longtermps qu’il y avait une corrélation entre l’exposition au froid de certaines zones du corps et la perte de masse graisseuse sur ces mêmes zones. C’est à partir de ces constatations que des études ont été menées par notamment Rox Anderson à partir de 2005 aux USA pour modéliser ce phénomène et en vérifier l’inocuité.
Pour simplifier, nos cellules graisseuses – les adipocytes – sont remplies d’acides gras (triglycérides ) “saturés” et “non-saturés” :
Ces acides gras ne cristallisent pas à une température identique selon qu’ils sont saturés ou non-saturés : ainsi pour les acides gras saturés une exposition à température ambiante de 20°22° suffit pour provoquer cette “cristallisation” alors que pour les non saturés il faut être aux alentours de 8 à 10° pendant au moins une dizaine de minutes pour obtenir cette “cristallisation”.

Centre Laser Sorbonne : Donc on ne parle pas de congeler les cellules comme on le voit parfois dans la presse ?

Philippe Plan : Bien sûr que non ! car congeler les cellules cela entrainerait des lésions irréversibles (nécroses) y compris sur les tissus adjacents et ce n’est pas du tout l’objectif. Si vous prenez l’exemple d’une bouteille d’huile qui se fige – phénomène de “cristallisation” l- orsqu’elle est à une température inférieure à 10°). C’est ce que l’on cherche à provoquer en abaissant la température de la zone du corps à traiter aux alentours de 7°pendant une vingtaine de minutes : cette baisse de température provoque un stress pour ces cellules (les cellules adipeuses sont les plus sensibles au froid) et c’est ce stress cellulaire qui déclenche ce qu’on nomme “l’apoptose” de ces cellules ( “suicide cellulaire programmé”) : c’est cette apotose qui amène la disparition des adipocytes et du tissu graisseux ciblé.
L’action s’explique donc plus par la conséquence du froid sur le contenu et l’évolution de la cellule que sur la membrane cellulaire :en effet, juste après le traitement il n’y a pas ou peu de rupture de la membrane cellulaire par effet mécanique dû à la cristallisation des lipides car sinon nous assisterions à une trop brusque et excessive libération de triglycérides etc… ce qui pourrait poser quelques problèmes en terme d’élimination par le patient
En revanche, cette cristallisation des lipides contenus dans l’adipocyte marque un point de non retour dans l’évolution de cette cellule, programmée dès lors pour une apoptose (suicide) lente, ce qui permet une élimination lente de son contenu sans altérer de façon trop significative ses analyses de cholesterol, triglycérides etc…

Centre Laser Sorbonne : Pourquoi une durée de séance de 30 minutes ?

Philippe Plan : Cette durée – variable de 25 à 35 mn est fonction de l’épaisseur du pli cutané – est calculée pour avoir l’efficacité souhaitée sans néanmoins léser les tissus : on n’a pas besoin d’allonger le temps d’exposition : ça n’apporterait pas plus d’efficacité et risquerait de créer des echymoses ou hématomes voire d’amplifier le relâchement cutané sur cette zone.

Centre Laser Sorbonne : Comment s’effectue la baisse de température de la zone à 6 ou 7° ?

Philippe Plan : Il ne s’agit absolument pas d’appliquer du froid sur la zone car – là aussi – on aurait des risques de lésion : a contrario on extrait la chaleur de la zone.
En fait on utilise un phénomène parfaitement documenté (effet Peltier) et très contrôlé bien connu du public car il s’agit du principe de la pompe à chaleur :

  • un applicateur “aspire” (vacuum) le pli adipeux qui va se loger au fond d’une pièce à main en forme de coque : ce vide va permettre d’isoler la zone et d’en limiter la vascularisation
  • une fois aspirée, un mécanisme similaire à une pompe à chaleur va extraire de cette zone les calories et va donc abaisser en quelques minutes la température de cette zone de 37° à 3° (ce qui correspond à une température au coeur du pli cutané de 6°-7° : La machine intègre plusieurs capteurs qui relèvent en temps réel la température et ajuste la puissance pour une sécurité maximale.

Centre Laser Sorbonne : Quelles sont les applications médicales aujourd’hui de la CryoLipolyse ?

Philippe Plan : 2 équipes de recherche ont travaillé en parallèle à partir des travaux de Rox Anderson : l’équipe américaine a mis au point une machine nommée Zeltiq. Quant à notre équipe européenne elle a développé le LipoCryo arrivé un peu plus récemment sur le marché. Pour des raisons de proximité par rapport au développement et à la fabrication, l’Espagne a été le premier marché médical à bénéficier du LipoCryo.

Centre Laser Sorbonne : De combien de séances parle-t-on et les résultats sont-ils définitifs ?

Philippe Plan : Les médecins proposent généralement d’effecter une 2ème séance en fonction des résultats observés au bout de 2 mois. Dans de rares cas, certains patients ont souhaité une 3ème séance au bout de 5 mois. Avec cette technique de destruction sélective des adipocytes on diminue le potentiel de stockage des graisses puisque l’on détruit une partie du capital en cellules graisseuses comme on le fait avec une petite lipoaspiration sans avoir les risques inhérents à tout geste invasif.